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Texte original
Auteur: Gérard Macé
En sortant
de la caverne, nous verrons
les mirages
qu’on rêve
depuis toujours
de traverser
à pied sec :
des flaques
d’eau
qui
s’évaporent
quand
on avance,
des nappes
de lumière
dans lesquelles
on voit
des lacs.
Aucun prophète, aucun
pharaon
pour marcher
devant nous.
Pas de
mer rouge
qui
s’ouvrirait
d’elle-même
comme
les grandes lèvres
des femmes, mais
un au-delà
qui
recule
en même temps que
l’horizon.
Avec la neige
la nappe
est mise
sur les prés. Le ciel
tout entier
pourrait
tenir
dans une cuiller
en argent,
le ciel
et
deux ou trois soleils
sur les
quatre
que
comptaient
les Aztèques.
Le nôtre
est
un soleil
d’hiver
qui
éclaire
le lieu
du crime :
la goutte
de sang, les plumes
d’oiseau,
était-ce
le festin
des dieux
ou
le repas
du serpent ?
Tant de noms
sous la neige
qui
attendent
les beaux jours
pour
briller
comme de l’or.
Autant de morts
à la guerre
qui
ont vu
dans leurs yeux, leurs yeux
hagards,
la campagne
en fleurs
derrière les barbelés.
Les montagnes
à contrejour
ressemblent
à des enclumes,
et
le soleil
éclaire
cette forge abandonnée.
Les étincelles, c’est
le marteau
du philosophe
qui
les
fait jaillir
en tapant
sur le vieux monde.
Un monde
où
l’on ferrait
les chevaux
dans
l’odeur
de la corne, des chevaux
battus
qui
regardaient
droit devant eux, à cause des
œillères
que
n’osaient pas
porter
les hommes.
Langue cible: Arabe
Traduction: Sadok Gassouma
عند خروجنا من الكهف
سنرى
السراب
الذي حلمنا
منذ الأزل
بأن نعبره
دون أن تبتلّ أقدامُنا:
بِرَكُ
الماء التي تتبخّر
عندما
نتقدّم،
ينابيعُ ضوءٍ
فيها
نرى
سباخا.
لا يوجدنبيّ ولا
فرعون
حتّى يسير أمامنا.
لا يوجد بحر أحمر
ينفتح من تلقاء
ذاته
كما تنفتح الشفتان الكبيرتان عند النساء، ولكن يوجد
عالَمٌ وراء ذلك
يمتدّ
متّسعا، في نفس الوقت الذي يمتدّ فيه الأفق.
معالثلج
وُضِع
النبْعُ
على
المروج.
السماء
كلّها
يمكن أن تنحصر في ملعقة من
فضّة،
السماء
وشمسان أو ثلاث
من جملة الشموس
الأربع
عند
شعب "الآزتاك".
شمسُنا نحن
شمسُ شتاءٍ
تضيء
مكان الجريمة:
قطرة الدم، وريش الطائر
هل
هذا وليمة
الآلهة؟
أم
غداء الثعبان؟
أسماء كثيرة
تحت الثلج
تنتظر
الأيّام الجميلة
التلمع
كالذهب.
هذا العدد الكبير منالموتى
في الحرب
الذين رأوا
في عيونِهم، عيونِهم
المروَّعة
الريفَ
المزهر
خلف الأسلاك الشائكة.
الجبال
المضاءة بنور النهار من الخلف شبيهة
بسنادين
والشمس
تضيء محلّ الحدادة ذاك
المهجور.
الشرارات
أنّما تقدحها مطرقةُ الفيلسوفا
عند قرْعها العالم القديم.
عالم
كانت ُصفَّح فيه
الخيلُ
في خضمّ رائحة
القرن، خيل مضروبة
كانت تنظر مباشرة أمامها بسبب غمامات العينيْن
وهي لا
تتجرّا على حمْل الرجال.
Langue cible: Grec ancien (v.1)
Traduction: Francesca Dell’Oro
Eἴδωλα
ὀψόμεθα
ἐξερχόμενοι
τοῦ σπηλαίου
ἃ
κατ᾽ ὄναρ
αἰεὶ
ξηρῷ ποδὶ
διαβαίνομεν·
ἐξατμιζόμενα
τέλματα
ὅταν
προχωρῶμεν,
ἐκτεινόμενον
φῶς
ἐν ᾧ
λίμναι
ὁρῶνται.
Οὐδεὶς προφήτης, οὐδεὶς Φαραώ
ὡς πορεύσων
πρὸ ἡμῶν.
Οὐδεμία
ἐρυθρὴ θάλασσα
ἣ
αὐτὴ
ἂν ἀνοίγοιτο
ὡς
τὰ
γυναικῶν
χείλεα μεγάλα, ἀλλὰ
πέραν τι
ὃ δ᾽ ἀναχωρεῖ
ἅμ᾽
ὁρίζοντι κύκλῳ.
Ἔστρωται
χίονος
ὀθόνη
ἐπὶ λειμῶσιν. Οὐρανὸς
ἂν
ἔχοι
σύμπας
ἐν
ἀργυρέῳ
λιστρίῳ,
οὐρανὸς
καὶ
δύο ἢ τρεῖς ἥλιοι
ἐκ τῶν τεσσάρων
οὓς
οἱ Ἀζτηκοὶ
ἐλογίζοντο.
Χειμέριος
ὁ ἥλιος
ὁ παρ᾽ἡμῖν
ὃς
τὸν
τοῦ ἀδικήματος
τόπον
καταλάμπει·
ὁ
σταγὼν
αἵματος, τὰ πτερὰ
ὄρνιθος,
ἦν
τὸ συμπόσιον
τῶν θεῶν
ἢ
τὸ δεῖπνον
ὄφεως;
Τοσοῦτον ὀνομάτων
ὑπὸ χίονος
ἃ
καλὰς ἡμέρας
περιμένουσιν
ἵνα
χρυσὸς ὣς
στίλβωσιν.
Τοσοῦτον νεκρῶν
ἐν τῷ πολέμῳ
οἳ
εἶδον
ἐν ἐαυτῶν ὀφθαλμοῖς, τεταραγμένοις ἐν ἑαυτῶν
ὀφθαλμοῖς,
τοὺς
ἐξανθοῦντας
ἀγροὺς
ὄπισθεν
πολυγλωχίνων φραγμῶν.
Ἀπὸ τοῦ ἡλίου ἀπεστραμμένα
ἐοίκασιν
ἄκμοσιν
τὰ ὄρη,
καὶ
καταλάμπει
τόδε χαλκεῖον ἐρῆμον
ὁ ἥλιος.
Τοὺς σπινθῆρας
ἀνίησι
ἡ σφύρη
τοῦ φιλοσόφου
τύπτοντος
τὸν κόσμον τὸν παλαῖον.
Κόσμος
ὅπου
ἵππων ὁπλαὶ
ἐσιδηροῦντο
ἐν τῇ
κέρατος
ὀσμῇ, ἵππων τετυμμένων
ἀντηλίων ἕνεκα
πρὸ σφέων εὐθὺ
ὁρῶντων
ἃ
οὐκ ἐτόλμων
φέρειν
οἱ ἄνθρωποι.
Langue cible: Grec ancien (v.2)
Traduction: Christophe Cusset
Ἐκ τοῦ σπηλαίου δὴ ἐξελθόντες, ὀψόμεθά γε τὰ
φανταζόμενα
δι᾽ἃ
ἀεὶ
ἐπιθυμοῦμεν
ξηρῷ ποδὶ
διελθεῖν·
τέλματα γάρ ἐστιν ἃ ἄρα διαπνεῖται
ἡμῶν εἰς τὸ πρόσθεν
προβαινόντων,
καὶ λαμπρὰ
μεγέθη
ἐν οἷς
ὁρῶμεν
λιμνάς.
Οὐδεὶς μέντοι προφήτης οὐδὲ Φαραὼ οὐδεὶς
τυγχάνει βαίνων
πρὸ ἡμῶν.
Οὐδεμία μέντοι ἐρυθρὰ θάλασσα ἐνθάδε κεῖται ἣ
ἂν
αὐτὴ
ἀνοίγοιτο
ὥσπερ
τὰ μακρὰ χείλη
τῶν γυναικῶν, ἀλλὰ
τὰ πέραν
ἅμα
τῷ ἐσχάτῳ οὐρανῷ
ἀναχωρούμενα.
Χίονος πεσούσης
στρῶμά τι
ἐστορέσθη
ἐπὶ τοῖς λειμῶσιν. Ὅλον δὲ τὸν
οὐρανὸν
οὐ μόνον ἂν
στέγειν
ἓν
ἀργυροῦν
μύστρον
δύναιτο,
ἀλλὰ καὶ
δύο ἢ τρεῖς ἡλίους
ἐκ τῶν τεττάρων
οὓς
οἱ Ἀζτηκοὶ
ἐγίγνωσκον.
Ὁ δὲ παρ᾽ ἡμῖν
χειμερινός
ἐστιν
ἥλιος
ὃς
ἐκλάμπει
τὸν τόπον
ἐν ᾧ κακόν τι εἴργαστο·
πότερον γὰρ αὕτη ἡ λίβας
τοῦ αἵματος καὶ ταῦτα τὰ πτέρη
τοῦ ὄρνιθος
ἦν
θοίνη
τῶν θεῶν
ἢ
τροφὴ
τοῦ δράκοντος;
Ὅσα μὲν ὀνόματα
ὑπὸ χίονος
μένει
τὰς καλλίους ἡμέρας
ἵνα λάμπῃ
ὥσπερ ὁ χρῦσος.
Ὅσοι δ᾽ ἐν τῷ πολέμῳ
τεθνηκότες
εἶδον
ἐν τοῖς ἑαυτῶν ὀφθάλμοις
τοῖς βλοσυροῖς
τοὺς
ἀνθοῦντας
ἀγροὺς, εἰσβληθέντες εἰς
πτερυγωτοὺς δεσμούς.
Τὰ μὲν ὄρη
ἀπὸ τοῦ ἡλίου ἀπεστραμμένα
ὅμοιά ἐστιν
ἄκμοσιν,
ὁ δὲ ἥλιος
λάμπει
τὸ ἀπολελειμμένον ἐκεῖνο
σιδηρουργεῖον.
Οἱ δὲ σπινθῆρες
ἐκπηδῶσι δὴ ὑπὸ τοῦ ῥαιστῆρος
τοῦ φιλοσόφου
ὃς
τὸν ἀρχαῖον κόσμον
τύπτει.
Ἐν δ᾽ ἐκείνῳ τῷ κόσμῳ
οἱ μὲν ἄνθρωποι
τοὺς ἵππους
ἐκρηπίδουν
τὴν
τοῦ κέρατος
ὀσμὴν ἅμα αἰσθανόμενοι· οἱ δ᾽ ἵπποι παιόμενοί γε
ἑώρων
εὐθὺ ἔμπροσθεν
τῶν παρωπίδων ἕνεκα
ἃς
οἱ ἄνθρωποι
οὐκ ἐτόλμων αὐτοὶ φέρειν.
Langue originale: Grec ancien (v.1)
Traduction: Matteo Capponi
Hors
de la caverne
nous verrons
ces images
Qu’en rêve
chaque fois
nous foulons
à pied sec.
Des marais
s’asséchant
tandis que
l’on avance
Et des semblants
de lacs
dans
la lueur
étale.
Et face à nous
aucun Pharaon
ni prophète,
Aucune
mer Rouge
qui
s’entrouvrirait
comme
Des lèvres
de femme, juste un autre au-delà
Qui
fuit
en même temps que
l’astre à l’horizon.
Tulle
de neige
déployé
Sur les prés. Le ciel
entier
Tiendrait
dans une cuillère,
Le ciel
et
deux ou trois
des quatre soleils
aztèques.
Un soleil
hivernal
Éclaire
les lieux
du crime.
Plumes
d’oiseau, goutte
de sang
– festin
des dieux
ou
repas
du serpent ?
Tant de noms
sous la neige
Attendant
l’été
pour
Briller
en lettres d’or !
Tant de morts
à la guerre :
Leurs yeux
fixent encore
Les champs
en fleur
derrière
Les pieux des palissades.
À contre-jour
les montagnes
ressemblent
à des enclumes,
Une forge abandonnée que frappe
le soleil.
Penser c’est pareillement
de son marteau
Faire jaillir
des étincelles
du monde ancien.
Ce monde
où
l’on ferrait
les chevaux
dans l’odeur
de la corne,
Chevaux frappés, munis d’œillères,
Forcés de regarder
droit devant eux,
Comme n’osaient pas
faire
les hommes.
Langue originale: Grec ancien (v.2)
Traduction: Antje Marianne Kolde
Sortis de la caverne, nous verrons les apparitions grâce auxquelles nous désirons toujours traverser à pied sec. Il y a en effet des marais qui sont balayés par un souffle quand nous marchons en avant et dans lesquels nous voyons les étendues brillantes de l’eau stagnante.
Certes, il se trouve qu’aucun prophète ni aucun Pharaon ne marche devant nous. Certes, là ne s’étend aucune mer Rouge qui s’ouvrirait comme les grandes lèvres d’une femme, mais la rive opposée s’éloigne avec la ligne d’horizon.
Une couverture de neige fraîche était étendue sur les prés. Une seule cuillère en argent pourrait contenir non seulement le ciel tout entier mais deux ou trois des quatre soleils que connaissaient les Aztèques.
Celui que nous appelons « Soleil d’hiver » est celui qui éclaire la région où le mal a été perpétré : ce sang qui s’égoutte et ces ailes de l’oiseau – s’agit-il d’un festin des dieux ou de la nourriture du serpent ?
Combien de noms, sous la neige, attendent des jours meilleurs pour briller comme de l’or !
Combien d’hommes tombés à la guerre regardaient de leurs propres yeux effrayants les champs couverts de fleurs, précipités dans des liens ailés !
Les montagnes détournées du soleil sont comme des enclumes, mais le soleil éclaire cet atelier de forgeron abandonné.
Les étincelles jaillissent sous le marteau du philosophe qui frappe l’antique univers.
Dans cet univers, les hommes ont ferré les chevaux, percevant en même temps l’odeur de la corne. Les chevaux, frappés, regardaient aussitôt droit devant eux, à cause des œillères que les hommes n’osaient porter eux-mêmes.
Sortis de la caverne, nous verrons les apparitions grâce auxquelles nous désirons toujours traverser à pied sec. Il y a en effet des marais qui sont balayés par un souffle quand nous marchons en avant et dans lesquels nous voyons les étendues brillantes de l’eau stagnante.
Certes, il se trouve qu’aucun prophète ni aucun Pharaon ne marche devant nous. Certes, là ne s’étend aucune mer Rouge qui s’ouvrirait comme les grandes lèvres d’une femme, mais la rive opposée s’éloigne avec la ligne d’horizon.
Une couverture de neige fraîche était étendue sur les prés. Une seule cuillère en argent pourrait contenir non seulement le ciel tout entier mais deux ou trois des quatre soleils que connaissaient les Aztèques.
Celui que nous appelons « Soleil d’hiver » est celui qui éclaire la région où le mal a été perpétré : ce sang qui s’égoutte et ces ailes de l’oiseau – s’agit-il d’un festin des dieux ou de la nourriture du serpent ?
Combien de noms, sous la neige, attendent des jours meilleurs pour briller comme de l’or !
Combien d’hommes tombés à la guerre regardaient de leurs propres yeux effrayants les champs couverts de fleurs, précipités dans des liens ailés !
Les montagnes détournées du soleil sont comme des enclumes, mais le soleil éclaire cet atelier de forgeron abandonné.
Les étincelles jaillissent sous le marteau du philosophe qui frappe l’antique univers.
Dans cet univers, les hommes ont ferré les chevaux, percevant en même temps l’odeur de la corne. Les chevaux, frappés, regardaient aussitôt droit devant eux, à cause des œillères que les hommes n’osaient porter eux-mêmes.
Langue cible: Italien (v.1)
Traduction: Erika Padova
Uscendo
dalla caverna, scorgeremo
i miraggi
che
da sempre
sogniamo
oltrepassare
senza bagnarci:
pozze d’acqua
che
scompaiono
all’incedere,
distese
di luce
che
ci sembrano
laghi.
Davanti a noi, nessun profeta, nessun faraone
ad indicarci la via,
davanti a
noi, nessun
mare
si spalanca
come
le grandi labbra
delle donne, ma,
davanti a noi, solo un aldilà ed un
orizzonte
che
insieme
ci sfuggono.
Cade la neve, si stende
la tovaglia
sui prati. Il
cielo
intero
potrebbe
intrattenersi,
il cielo, e
due o tre
dei quattro soli
degli Aztechi.
Il nostro
è
un sole
d’inverno
che
illumina
la scena
del crimine:
una goccia
di sangue, piume
d’uccello,
banchetto
divino
o
pasto
del serpente?
In tanti, coloro
che
sotto la neve
aspettano
le belle giornate
per brillare
come l’oro.
Altrettanti, i caduti
in guerra
che
nei loro occhi, occhi stravolti,
hanno riconosciuto
la natura
in fiore
oltre il filo spinato.
I monti, controluce, sembrano
incudini
di una fucina abbandonata
rischiarata
dal sole.
Il martello
del filosofo,
battendo
sul passato,
accende
le scintille.
Un passato
in cui
si ferravano
i cavalli
tra l’odore
del corno bruciato,
cavalli percossi, obbligati a guardare
avanti
da paraocchi
che
gli uomini
non avevano il coraggio
di portare.
Langue cible: Italien (v.2)
Traduction: Emanuela Nanni & Nicolὸ
Cecchella
Uscendo
dalla caverna, vedremo
i miraggi
che
da sempre
sogniamo
di oltrepassare
a piedi asciutti:
pozze d’acqua
che
evaporano
quando
si avanza,
falde
di luce
in cui
scorgere
laghi.
Nessun profeta, nessun faraone
a camminare
davanti a noi.
Non
il mar rosso
ad aprirsi
da solo
come
le grandi labbra
delle donne, ma
un aldilà
che
indietreggia
assieme all’ orizzonte.
Con la neve
è stesa
la tovaglia
sui prati. Il
cielo
nella sua interezza
potrebbe
stare
in un cucchiaio
d’argento,
il cielo
e
due o tre soli
sui quattro
che
contavano
gli Aztechi.
Il nostro
è
un sole
d’inverno
che
illumina
il luogo
del delitto
la goccia
di sangue, le piume
dell’uccello,
era
il simposio
degli dei
o
il pasto
del serpente?
Tanti i nomi
sotto la neve
che
aspettano
i bei giorni
per brillare
come oro.
Altrettanti i morti
in guerra
che
hanno visto
nei loro occhi, occhi stravolti,
la campagna
in fiore
dietro il filo spinato.
Le montagne
in controluce
somigliano
ad incudini,
e
il sole
illumina
questa fucina abbandonata.
Le scintille
scaturiscono
dal martello
del filosofo
quando percuote
il vecchio mondo.
Un mondo
in cui
si ferravano
i cavalli
nell’odore
del corno bruciato, cavalli frustati
che
guardavano
dritto davanti a loro
costretti dai paraocchi
che
non osavano
mettere
gli uomini.
Langue originale: Italien (v.1)
Traduction: Marie-Line Zucchiatti
Au sortir
de la caverne, nous apercevrons
les mirages
que
depuis toujours
nous rêvons
d’outrepasser
sans nous mouiller :
flaques d’eau
s’évanouissant
à
notre approche
étendues
de lumières
qui
nous semblent
lacs.
Devant nous, aucun prophète, aucun pharaon
pour nous indiquer la
voie, devant nous, aucune
mer ne s’ouvre
telles
les grandes lèvres
des femmes, mais,
devant nous, rien qu’un au-delà et un
horizon
qui
tous deux
nous échappent.
Tombe la neige, la nappe
s’étend
sur les prés. Le
ciel
tout entier
pourrait
s’entretenir,
le ciel, et
deux ou trois
des quatre soleils
des Aztèques.
Notre soleil
est
celui
de l’hiver
qui
illumine
la scène
du crime :
une goutte
de sang, plume
d’oiseau,
banquet
divin
ou
repas
du serpent ?
Nombreux sont ceux
qui
sous la neige
attendent
les beaux jours
pour briller
comme de l’or.
Aussi nombreux que ceux tombés
au front
et dont les yeux, les yeux bouleversés
ont reconnu
la nature
en fleur
derrière les barbelés.
Les montagnes, en contre-jour, comme
des enclumes
d’une forge abandonnée
éclairée
par le soleil.
Le marteau
du philosophe,
en tapant
sur le passé,
allume
les étincelles.
Un passé
où
l’on ferrait
les chevaux
dans l’odeur
de la corne brulée,
chevaux battus, obligés de regarder
en avant
par des œillères
que
les hommes
n’avaient pas le courage
de porter.
Langue originale: Italien (v.2)
Traduction: Claire Pellissier
En sortant
de la caverne, nous verrons
les mirages
que
depuis toujours
nous rêvons
de traverser
à pied sec :
flaques d’eau
qui
s’évaporent
quand
on avance,
puits
de lumière
où l’on aperçoit
des lacs.
Aucun prophète, aucun pharaon
pour marcher
devant nous.
Pas de
mer Rouge
pour s’ouvrir
toute seule
comme
les grandes lèvres
des femmes, mais
un au-delà
qui
recule
en même temps que
l’horizon.
Avec la neige
la nappe
est étendue
sur les prés. Le
ciel
tout entier
pourrait tenir
dans une cuillère
d’argent,
le ciel
et
deux ou trois soleils
sur les quatre
que
comptaient
les Aztèques.
Le nôtre
est
un soleil
d’hiver
qui
éclaire
le lieu
du délit :
la goutte
de sang, les plumes
de l’oiseau,
était-ce
le symposium
des dieux
ou
le repas
du serpent ?
Tant de noms
sous la neige
qui
attendent
les beaux jours
pour briller
comme de l’or.
Autant de morts
à la guerre
qui
ont vu
dans leurs yeux, yeux révulsés,
la campagne
en fleurs
derrière les barbelés.
Les montagnes
à contre-jour
ressemblent
à des enclumes,
et
le soleil
éclaire
cette forge abandonnée.
Les étincelles
jaillissent
du marteau
du philosophe
quand il pilonne
le vieux monde.
Un monde
où
l’on ferrait
les chevaux
dans l’odeur
de la corne brûlée, chevaux fouettés
qui
regardaient
droit devant eux, contraints par les œillères
que
n’osaient
porter
les hommes.
Langue cible: Japonais
Traduction: Midori Ogawa
洞窟を出て、ぼくらは抱くだろう
いつも夢見ていた、足を濡らさずに渡る幻想を
前進するにつれ、蒸発する足を濡らさずの中を
湖を覆う光の層の中を
前を歩む預言者も、ファラオもいない
巨大な女の唇のように
ひとりでに開く、紅い海もない
水平線とともに遠ざかる彼方があるだけだ
雪が降ると、野原いちめんに
テーブルクロスが敷かれる。空全体が
銀のスプーンの中に入りそうだ。
空と、アズテカ人のいう
四つの太陽のうちの、ふたつかみっつも。
ぼくらの太陽は冬の太陽
犯罪現場を照らし出す
血のしずく、鳥の羽根
それは神々の祝宴だったのか
あるいは蛇の食事だったのか
雪の下にはたくさんの名前
幸せな日々を待ち望んでいる
黄金のごとく輝くために
同じ数ほどの戦死者たちの
その血走った瞳で見たのは
有刺鉄線の向こうの、花ざかりの田園
逆光に映える山々は金床に似ている
打ち捨てられた鍛冶場を太陽が照らし出す
舞い上がる火の粉たち、それは古い世界を鍛える
哲学者の槌から躍り出る
人がまだ馬の蹄鉄を打っていた世界では
角の匂いの漂う中を、打ちのめされた馬たちが
まっすぐ前を見据えていた、人間たちが被ろうとさえしなかった
遮眼帯(ブリンカー)を付けられて
Langue cible: Coréen
Traduction: Moon So-Young
동굴에서 나가면, 발
적시지 않고
건너기를
오래전부터
꿈꿔 온
신기루를
보게 되리라.
앞으로 나아가면
자취를 감춰버리는
물웅덩이,
겹겹이 쌓인 빛
속에
호수들이
보이는구나.
우리 앞을 걷는
선지지나
파라오는
없나니.
여인들의 대음순처럼
열리는
홍해는 없으되, 지평선과
동시에
물러나는
저 세상이 있구나.
눈이내려
초원
위에
식탁보가
깔렸네. 은수저에
하늘이
전부
담길 듯하네
하늘 그리고 아즈텍 사람들이
세어보던
네 개의태양
중
두 개 혹은 세 개의 태양
범죄 현장을
밝히는
겨울 태양은
우리의 것
핏방울, 새의 깃털,
신들의 향연이었을까
뱀의 식사였을까?
황금처럼
빛나기 위해
아름다운 날들을
기다리는
눈속에 파묻혀 있는
수많은이름들.
그들의 눈, 얼빠진 눈에서
철조망뒤로
꽃이 만발하게 핀 평야를
보았던
전쟁에서의
수많은죽음들.
햇빛을 등진
산은
모루와 닮아 있고,
태양은
이 버려진 대장간을
비추고 있구나
섬광, 오래된 세상을 내려쳐 섬광을 튀기는
것은
철학자의 망치
모루 뿔의 냄새맡으며
말의
편자를 박던
세상, 인간은
쓸
엄두조차 내지 않던
눈가리개로인해,
앞만
바라보던
채찍질당하는 말들
Langue cible: Latin
Traduction: Charles Guittard
E spelunca
egredientes
simulacra aquarum stagnantium uidebimus
quae nobis somniantibus
fuit in animo pedibus siccis
traicere,
lacunas quae
cum
procedimus
euanescunt,
luminosa
spatia
ubi
lacus
conspiciuntur.
Nullus est uates, nullus pharaon Aegyptorum princeps qui nos antecedat
nullum mare
Rubrum quod sua sponte
nobis aditus det,
sicut
labia muliebrium exteriora, sed
remota spatia
eodem
tempore quo orbis terrarum finiens
retrocedentia.
Sicut
mantele
nix
in pratis
patet. Cunctum
caelum
in argenteo
cochleari iacere possit,
caelum et
duo aut tres soles
e
quattuor solibus ab Indis Mesoamericanis
numeratis.
Sol hiemalis
est
super nos
qui in
locis sceleribus pollutis
fulget :
an sanguis
stillans, an auium pennae
erant
epulae deorum
aut
draconis cibus ?
Tot sunt nomina
niue operta
quae exspectant
dies ubi sol ridet
ut nitore
aurei
fulgeant.
Tot sunt homines qui bello
ceciderunt,
qui uoltu
pauido
flores conspexerunt sparsos in
agris,
saeptis ferreis circumuenti.
Montes
in umbris inuoluti
incudibus
similes sunt
et sol
illustrat
hanc fornacem
ubi iam nemo
laborat.
Scintillas
philosophus
quasi
malleo utatur
elicit,
qui
res priscorum temporum obsoletas
deleat.
Illo
tempore
soleae
induebantur,
ungulis
redolentibus, equis qui
uerberabantur,
qui intentis oculis
tantum prospicere poterant,
quia equorum oculi operimenta ferebant
quae ferre
non audebant
homines.
Langue cible: Allemand
Traduction: Myriam Geiser & Marc Béghin
Aus
der Höhle
tretend
werden wir
die Luftspiegelungen
sehen,
die wir
seit jeher
trockenen Fußes
zu durchqueren
träumten:
Wasserpfützen, die verdunsten, wenn
man aufbricht,
Schichten aus
Licht, in denen
man
Seen
sieht.
Kein Prophet, kein Pharao,
der uns voranginge.
Kein Rotes Meer, das sich
von selbst
auftäte
wie
die großen Lippen der Frauen, doch
ein Jenseits,
das wie
der Horizont
zurückweicht.
Mit dem Schnee ist auf
die Wiesen
das Tuch
gelegt. Der
ganze
Himmel
hätte in
einem silbernen Löffel
Platz,
der Himmel
und zwei oder drei Sonnen
von
den vier, die die Azteken
zählten.
Unsere
ist
eine Wintersonne,
die den
Ort des Verbrechens
bescheint:
der
Blutstropfen, die Vogelfedern,
war es
das Festmahl der Götter
oder
das, woran die Schlange sich satt aß?
So viele Namen
unterm Schnee,
die auf
die schönen Tage
warten,
um
wie Gold
zu glänzen.
Alles
im Krieg
Gefallene,
die vor ihren
Augen, ihren stieren Augen,
das blühende Land
hinterm Stacheldraht
gesehen haben.
Die Berge
gegen das Licht
gleichen
Ambossen,
und die Sonne
bescheint
diese verlassene Schmiede.
Die Funken
lässt
der Hammer des Philosophen
springen
mit seinen Hieben auf
die alte Welt.
Eine Welt, in der
man
Pferde
beschlug
im Geruch des
Horns, geschlagene Pferde,
die geradeaus
schauten
wegen der Scheuklappen,
die Menschen
nicht zu tragen
wagten.